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Communiqué de presse du 28 janvier 2021 : « Périnatalité et petite enfance : de la labellisation des maternités aux crèches inclusives : quels sont les grands pas ? »

 « La vocation, c’est d’avoir pour passion son métier » Stendhal. 

Le 26 janvier 2021 s’est tenu par zoom la réunion de la 5ème Commission périnatalité de CAHPP, avec la présence exceptionnelle de Philippe Romac, Conseiller au Cabinet de Monsieur Adrien TAQUET, Secrétaire d’État auprès du Ministre de la Santé et des Solidarités, en charge de l’Enfance et des Familles, du Docteur Caroline FRANCOIS, Coordinatrice Médicale du Label IHAB – IHAB France, du Professeur Israël NISAND Président du CNGOF et du Label MATERNYS, du Docteur Jean-Pierre SOLINHAC, de l’Hôpital privé Wallerstein, de Stéphane de BUTLER, Président du Groupe VICTOR PAUCHET, et de Sylvie MALAVAL, Coordinatrice Petite Enfance – Groupe SOS. 

Les intervenants ont été accueillis par Isabelle HAMELIN – Directrice du Développement et de la Communication de CAHPP et Jean-Loup DUROUSSET, Président de la Commission Périnatalité de CAHPP. 

Le Webinaire a été ouvert par une pensée pour toutes les familles qui ont accouché en 2020, en pleine pandémie. 

Philippe Romac a débuté son intervention en rappelant l’importance des 1000 jours et leur renforcement dans le cadre de l’action gouvernementale. Il a rappelé la nécessité de faire passer un certain nombre de messages aux parents, avec des outils qui existent, comme le carnet de santé, et d’autres à inventer, notamment numériques. Une application, dédiée au 1000 premiers jours, pourrait donner aux parents des informations pertinentes et faire passer des messages de santé publique simples, dans la lignée de ce qui a été fait pour les « 5 fruits et légumes par jour ». Les 1000 premiers jours sont une période essentielle, où les bébés ont besoin de sécurité, matérielle et émotionnelle, de parole, d’avoir accès à des histoires, d’entendre de la musique…Autre nécessité : harmoniser et faire mieux connaître l’entretien pré-natal précoce, un moment clé d’entrée dans le parcours. 100 postes vont être créés en 2020, fléchés dans les maternités pour donner un peu plus de temps au personnel des maternités et mieux détecter les situations qui nécessitent une prise en charge particulière, comme les fragilités psychiques. Des moyens nouveaux vont être accordés en 2021 aux situations d’aval pour permettre, le cas échéant, une hospitalisation mère bébé ou parent bébé. A noter : la création de 20 équipes mobiles en psychiatrie périnatale. Autre point clé, retravailler le lien avec les PMI (Protection Maternelle Infantile) avec les départements. Adrien TAQUET a demandé aux départements d’être plus forts sur les PMI avec des moyens nouveaux accordés aux départements pour que les PMI puissent être présentes dans les maternités, et qu’elles jouent tout leur rôle dans le retour à domicile. En complément, le gouvernement souhaite accompagner des initiatives locales. Une trentaine de projets à l’échelle nationale sont presque déjà en place, pour mieux accompagner, coordonner, avoir des référents, etc., et finalement, pour mieux incarner ces 1000 jours. 

 « Il faut exprimer avec simplicité et force de conviction que les 1000 premiers jours sont essentiels. » #responsabilitécollective

Le Docteur Caroline François présente l’initiative Hôpital ami des bébés, un programme de l’OMS et l’UNICEF pour les professionnels de santé en néonatologie et des maternités publiques ou privées, depuis 20 ans en France. Le premier besoin des bébés est la sécurité affective. Il faut faire attention aux phases de sommeil, au sens de pleurs, au moment de la tétée ou du biberon. Il s’agit d’un programme de soin centré sur le soin et la famille, basé sur les interactions précoces qui favorisent l’attachement parent/enfant. Il s’agit d’accompagner de manière bienveillante chaque famille, et ce d’autant plus qu’il existe une fragilité psychique de la famille ou chez l’enfant (prématuré).

Être labellisé IHAB suppose de se poser des questions sur l’organisation du soin. Souvent les soignants sont au cœur de l’organisation et pas les patients. Il y a une grande part d’habitude dans les pratiques. Quelques mesures phares : le contact peau à peau, la proximité maman /bébé, la présence du père et co-parent…

Il faut former les professionnels à respecter les rythmes et les besoins de la mère. 

« Une grossesse doit être un évènement positif dans la vie de chaque femme ». 

En France, il y a 51 maternités IHAB, dont 14 adhérentes CAHPP.

Le label suppose aussi un travail en réseau : avec le réseau périnatalité, les PMI, les pédiatres, les groupes de mères et de soutien de parents. C’est une stratégie efficace pour la santé des enfants dans le monde. Les maternité IHAB sont mentionnées dans le PNLS 2019-2023. C’est un programme exigeant, car il s’agit d’une démarche d’évaluation continue de la qualité des soins. Les critères sont vérifiés tous les 4 ans et la démarche qualité est revue par l’HAS. 

Les maternités labellisées IHAB ont été recommandées par l’OMS pendant la pandémie. 

Le témoignage du Docteur Gwenaelle Vogels, de Natecia :

« Nous sommes en train de candidater pour le label IHAB. C’est une formidable aventure humaine. Le voyage est long, chacun avance à son rythme, mais nous avançons ! »

Le Professeur Israël Nisand, Président du CNGOF et du Label MATERNYS

Le collège de gynécologie a pris la décision de s’engager dans la voie d’un label, à la suite de #metoo. J’ai été très choqué de ce qu’on appelle les violences chirurgicales et obstétricales. Au départ, je trouvais ces reproches injustes. Mais sur les 489 maternités françaises, certaines ont des difficultés : des équipes qui se sentent maltraitées ont pu devenir maltraitantes. Mon sentiment : le label Maternys a des objectifs concordant avec l’IHAB, mais nous sommes aussi dans la prévention de la contrainte des femmes à l’allaitement, qui peut parfois s’apparenter à une maltraitance. Le syndrome de stress-post traumatique après l’accouchement peut avoir des conséquences désastreuses. Ce syndrome touche près de 10 % des femmes qui accouchent. Pour le label Maternys, nous avons choisi d’évaluer 12 items, que nous mesurons non pas au travers de ce que racontent les professionnels de santé, mais au travers de ce qu’en disent les mères, et les familles sur une application numérique. 

Notre projet de service est d’améliorer la bientraitance. Et pour y arriver, il faut améliorer la pertinence des actes. 40 % d’épisiotomie, ce n’est pas pertinent. 60 % de césarienne, ce n’est ni pertinent, ni bientraitant. Enfin, la bientraitance a un coût ! Les maternités labellisées doivent pouvoir se faire rémunérer mieux un accouchement de qualité. C’est une évidence : éviter les coûts liés au stress post-traumatique lié à l’accouchement sont un moyen de faire des économies très importantes. Pour finir, je pense que les labels Maternys CNGOF et IHAB sont complémentaires pourraient même être amenés à fusionner à l’avenir !

Docteur Jean-Pierre SOLINHAC, de l’Hôpital privé Wallerstein, sur son expérience du label Maternys. 

« Nous avons des problèmes de volume d’accouchement et de manque de praticiens. Quand on met une patiente en salle de naissance nature, sa sage-femme ne peut pas prendre en charge d’autres personnes. Il faut valoriser notre spécialité pour recruter plus de médecins, plus de sages-femmes. Il faut également en développer l’aspect numérique. Le label Maternys répond bien à notre problématique : il nous fournit une aide à l’information en ligne et une aide à l’écoute. Les films de Maternys permettent à la patiente d’avoir une référence. »

Stéphane de BUTLER, Président du Groupe VICTOR PAUCHET, et directeur du premier établissement français à être à la fois labellisé IHAB et Maternys. 

« Voici ma vision d’un directeur. Nous avions une baisse de nos naissances en 2016. Nous avons donc décidé d’agir et rencontré d’autres équipes : force était de constater que nous n’avions clairement pas porté assez d’attention aux premiers jours de l’enfant. Nous avons donc décidé de rentrer dans la démarche IHAB en 2017, et nous avons transformé nos locaux pour qu’ils deviennent bienveillants. Nous avons mis moins de deux ans et demi pour obtenir ce label pour la maternité et le service de néonatologie. J’ai mis en place dans mon établissement les deux labels, IHAB et Maternys qui sont complémentaires. Je félicite la passion des équipes qui les mettent en place. Dans les deux labels, l’importance est mise sur la présence du père, le respect des rythmes de sommeil, l’allaitement, et la recherche de la physiologie de l’accouchement. Pour le label IHAB : les attendus en matière de prise en charge sont très forts, mais un vrai accompagnement est proposé, quasiment un coaching. Les équipes obtiennent des réponses de l’IHAB dans toutes les problématiques qu’elles rencontrent. Pour le label Maternys : c’est le patient qui répond, on ne peut donc pas tricher. Il y a aussi une formation à la bientraitance, le professeur Nisand vient former lui-même, ce qui est important pour mobiliser les gynécologues. Maternys offre un retour sur la réalité en direct de la plateforme, avec la transparence sur les taux de césarienne et d’épisiotomie. Pour nous, les 1000 jours sont une vraie démarche de prévention sur certaines pathologies émergentes, comme l’autisme. Les retours sont incroyables. C’est un vrai renversement de l’image de notre établissement. Maintenant, ce sont les patients entre eux qui parlent de notre établissement. Nous étions ringards, et nous sommes devenus innovants. Nous avons eu l’émission « Les maternelles », des reportages très touchants. Nous avons gagné 100 naissances cette année, dans une région en déficit de naissance. 

Sylvie MALAVAL, Coordinatrice Petite Enfance – Groupe SOS : Des labels vers les crèches inclusives : où en sommes-nous ?

« Une dynamique sociale est à l’origine du groupe SOS, issu du monde associatif. Crescendo est la partie du groupe SOS dédié à la petite enfance. Comment on s’ouvre, très tôt, à la différence ? Nous sommes partis des chiffres sur l’inclusion et l’accompagnement du handicap au sein des crèches. Beaucoup de professionnels manquent de compétences. Souvent les professionnels sont motivés, mais ont peu de bagage. Aujourd’hui, 54 % des enfants en situation de handicap sont gardés par leurs parents, et les familles ont pourtant des besoins très divers. Notre accueil est simple et pas orienté au départ. Ce n’est pas parce qu’un enfant a des besoins spécifiques qu’il faut romancer son parcours médical. Nous prenons le temps d’accueillir les familles. Même un enfant nourri par une sonde naso-gastrique pourra profiter d’un temps de repas avec les autres. L’adaptation d’un enfant en situation de handicap peut être très longue. Nous avons appris à faire preuve de souplesse.