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Quelle réponse des hôpitaux privés européens face à la crise COVID 19 ?

Cette crise violente et mondiale a mis à mal nos organisations. Face à cette urgence, le point majeur a été le constat de l’engagement de tous les personnels de santé pour apporter une réponse optimale dans l’intérêt des patients. Deux points faibles ont été constatés d’emblée : tout d’abord l’insuffisance des moyens de protection pour les professionnels (PPE en anglais, Personal Protection Equipment). 

Cela illustre en santé l’importance des chaînes de valeur. Mais il faut signaler le délai concernant les instances régulatrices pour apporter une réponse hospitalière coordonnée entre les acteurs. Tous les hôpitaux privés ont mis immédiatement à disposition des tutelles leurs capacités de soins, cependant leur activation a été mal synchronisée.

Dans tous les pays européens ce décalage a été observé, y compris en Italie qui a été le premier concerné chronologiquement et qui reste le plus sévèrement touché dans les régions 

Nord du pays. L’Union Européenne de l’Hospitalisation Privée est restée à l’écoute de tous ses membres et a partagé bon nombre de réunions d’information et de coordination. Nous avons adressé à ce propos une lettre ouverte à la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen.

Cette toute première phase passée, un constat très paradoxal est à signaler : des capacités de réanimation (ICU Intensive Care Unit) à la limite de la saturation, voir dépassées et les besoins urgents de respirateurs en étaient l’illustration. Mais le reste des services a été fermé, et ce sont souvent des hôpitaux vides où toutes les prises en charges programmées ont été annulées pour laisser disponibles les capacités d’accueil des urgences vitales. Cet état de fait ne laisse pas sans inquiétude les gestionnaires d’établissements, tous secteurs confondus sur l’équilibre financier à rétablir. Les équipes ont été admirables, assumant les dangers de leur fonction et hélas des décès sont survenus parmi les soignants. Nous leur sommes tous rétribuables de leur dévouement. Certains hôpitaux privés ont favorisé le transfert d’équipes médicales dans d’autres régions plus touchées, voir même dans des pays où les capacités de soins étaient sous tension (Roumanie pour l’Italie, Allemagne pour l’Espagne, etc…). Cette solidarité européenne est à souligner. 

Mais cette épreuve qui laissera certainement des traces, interroge dans nos modes de fonctionnement. En effet, la crise a bouleversé les modes organisationnels en place et interroge de fait la confiance dans nos structures tutélaires. Certains politiques parlent de crash test pour l’Europe dont la position et les compétences ont été peu prises en compte pour une gestion nationale voir même souvent régionale de la crise, même si des instances coordinatrices existaient. La DG SANTE avec sa commissaire européenne Stella Kyriakides, a cherché une position centrale en coordonnant les réunions des 27 ministres de la santé, mais des décisions fortes comme la fermeture des frontières ou le confinement (selon des modalités différentes) sont restées des solutions individuelles des états membres. 

L’engagement des professionnels soignants et des managers dans les hôpitaux privés européens a été fantastique. Nos points faibles organisationnels dans les politiques de santé n’en sont que plus criants. Le jour d’après devra poser la question des compétences, en termes de prévision et de gestion de crise. Mais sur le terrain les professionnels font face, avec talent et détermination. 

* UEHP : Union Européenne de l’Hospitalisation Privée