Le Comité pour le développement durable en santé (C2DS) a publié début août la quatrième édition de son Guide des pratiques vertueuses en développement durable des établissements de santé et se félicite que les secteurs hospitalier et médico-social “avancent à grand pas”.
Ce guide, écrit au printemps 2015, présente plusieurs réalisations sur le territoire, dans les domaines de l’énergie, de l’achat responsable, de la gestion des déchets, de la construction et de l’écomobilité. Il expose aussi les enjeux de la lutte contre le réchauffement climatique, en rappelant la tenue en décembre à Paris de la 21ème conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP 21).
Le document d’une centaine de pages montre que “les secteurs hospitaliers et médico-social avancent à grands pas et peuvent être fiers de présenter des résultats probants de lutte contre le réchauffement climatique”, souligne Olivier Toma, président du C2DS, en préambule du guide.
“La professionnalisation de la démarche en développement durable est réelle et les résultats français en 2015 nous permettent de faire très bonne figure au plan international”, se félicite-t-il.
Il note qu’un “peloton de tête” composé d’une centaine d’établissements émerge, dont plus de 70 sont labellisés ISO 140001, mais qu’il est “talonné par le reste du secteur […] qui met déjà en oeuvre pas à pas des premiers gestes et mesures”.
Le C2DS, qui compte 475 établissements de santé et médico-sociaux adhérents, présente dans son guide plusieurs actions, par le biais d’interviews ou de reportages dans les établissements concernés.
Dans le domaine des économies d’énergie, il rappelle que la consommation d’énergie peut représenter jusqu’à 7% des dépenses d’un établissement de santé et incite les
établissements à cartographier les consommations. “Seuls 18% des établissements de santé ont installé des sous-compteurs énergétiques. Une étape incontournable”, souligne le guide.
Parmi les actions à envisager, il note que la géothermie, “source d’énergie gratuite et quasi Mer (Charente-Maritime), “le gain est immédiat et concourt au retour sur investissement avec une économie réelle de 50.000 euros par an”.
Autre mode de chauffage plébiscité: les chaufferies biomasses au bois. Au CHU de Toulouse, la mise en service fin 2013 d’une chaufferie équipée de deux chaudières biomasse à condensation couvrant 90% des besoins en chaleur “permet d’éviter le rejet de 5.300 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des rejets de 3.000 véhicules”. Le tout en permettant à l’hôpital de réaliser 15% d’économie en énergie.
L’énergie solaire -34 tonnes de CO2 sont économisées par la clinique Clémentville de Montpellier grâce à ses panneaux solaires- et la cogénération, système qui permet d’utilise un surplus de chaleur pour produire de l’électricité, sont aussi mis en avant. “La cogénération nous a permis de valoriser une énergie normalement rejetée dans l’environnement”, témoigne Nathalie Ronzière, directrice adjointe du centre hospitalier de Cannes.
COVOITURAGE ET VOITURES ELECTRIQUES DANS LES HOPITAUX
L’activité hospitalière appelle un volume de transports très conséquent et générateur de gaz à effet de serre, rappelle le C2DS.
Le comité s’est rendu au CH de Valenciennes, qui a acquis dès 2012 son premier véhicule électrique et en comptera sept d’ici la fin 2015. “Si le prix d’acquisition d’un véhicule électrique est parfois plus élevé qu’un véhicule thermique, des économies sont réalisées sur la maintenance quasi inexistante”, assure Nicolas Rondelart, responsable logistique du CH.
Le covoiturage et les “transports groupés” sont mis en avant avec plusieurs expériences: à la polyclinique du Parc Rambot, à Aix-en-Provence, les patients de 40% des séances de chimiothérapie font ambulance commune; à la clinique Turin à Paris, 24% d’économies sont réalisées sur les transports pour les séances de dialyse; plus de 50% de salariés du CHU d’Angers ont renoncé à leur voiture pour venir travailler, etc..
La réflexion sur les transports passe aussi par la recherche des circuits courts. “Pour le choix de nos prestataires, nous prenons en compte les distances parcourues pour les livraisons afin de définir les empreintes carbone des produits et services”, témoigne Emilien Commault, attaché de direction en charge du développement durable du groupe E4, qui gère trois Ehpad.
14 FILIERES DE TRI DES DECHETS EN MOYENNE
Le C2DS s’attarde aussi sur la question de la gestion des déchets. Il mène depuis plusieurs années des travaux sur ce sujet et publie annuellement depuis 2012 un “synoptique déchet”, outil d’aide à la décision qui liste tous les déchets et indique pour chacun les filières de traitement les plus durables.
Dans son chapitre consacré à ce sujet, le guide revient d’abord sur le tri, que les salariés, habitués, “adoptent aisément, voire initient sur leur lieu de travail”. Ainsi, les établissements “rivalisent dans la création de filières” de tri, note le comité. Il y en a en moyenne 14 dans les établissements. La clinique des Augustines, à Malestroit (Morbihan), en compte 47, un record.
Mais le tri, s’il a un intérêt écologique certain, n’est pas toujours économique pour les établissements. Au centre hospitalier Alpes Leman de Contamine-sur-Arve (Haute-Savoie; 15 filières de tri), la tonne de fermentescibles coûte à l’hôpital 130 euros. Or, la tonne de déchets ménagers, dont ils sont soustraits, ne coûte que 98 euros… Pis, au CH de Cannes (27 filières mises en place), trier n’a pas d’intérêt économique puisque l’établissement ne paie pas de redevance sur les ordures ménagères.
La question du coût se pose aussi pour les déchets “particulièrement retors”. La clinique Ambroise Paré de Beuvry (Pas-de-Calais), qui trie les verres médicamenteux de type II et III, doit les faire traiter au Danemark. Le prix de la revente du verre ne fait donc que compenser le coût du transport.
Finalement, souligne le guide, le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas.
Apmnews.com

Laisser un commentaire